La mer Baltique comme source d’énergie pour l’île de Gotland.

Cette île suédoise, située en pleine mer Baltique, s’est donnée pour ambition de ne plus dépendre des énergies fossiles et nucléaires d’ici 2020 et donc de tout miser sur le « renouvelable ». Afin d’atteindre cet objectif, de nombreuses actions ont été mises en place aussi bien au niveau des collectivités locales que des particuliers (développement d’un parc éolien assurant à ce jour 22% de l’électricité, développement du micro éolien, de la géothermie et du solaire…).

Ainsi, la bibliothèque de Visby (« capitale » de Gotland qui compte environ 40 000 habitants l’hiver et environ le triple l’été) est une des actions à mettre au crédit de ce programme et constitue très belle réussite architecturale et environnementale.

Un puit de lumière sur la bibliothèque de Visby

D’un point de vue architectural, le bâtiment est en plein centre de la vieille ville et s’intègre parfaitement dans cet univers médiéval si caractéristique de Visby. Ensuite, les concepteurs ont cherché à mettre en place des solutions innovantes, avec comme objectif, une consommation maximum de 100 kWh/m²/an (pour mémoire, en France, nous avons une moyenne d’environ 150 kWh/m²/an).
Cet objectif est d’autant plus ambitieux que le bâtiment est élevé et compte plusieurs niveaux. Or, plus les bâtiments sont en hauteur, plus l’apport en énergie doit être important compte tenu des « fluides » à faire monter et circuler dans l’ensemble de la structure.

L’idée des concepteurs a été de faire appel aux ressources locales :

  • Grâce à une pompe à eau en pleine mer, on peut bénéficier de la fraicheur de la mer en été pour rafraichir le bâtiment. La température de l »eau pompée est comprise entre 6 et 8 degrés.
  • Mais en plein hiver, cette pompe à eau permet également de chauffer le bâtiment. En effet, l’eau est chauffée grâce à une pompe à chaleur fonctionnant au propane.
  • Des panneaux solaires judicieusement intégrés permettent d’alimenter en électricité les systèmes de chauffage et de rafraichissement. Si la production d’électricité est supérieure aux besoins, le surplus est basculé dans les bâtiments municipaux situés à proximité.
  • Deux puits canadiens situés sur le toit favorisent l’utilisation de la lumière naturelle dans la bibliothèque, limitant ainsi le recours à un éclairage électrique.
  • Des triples vitrages assurent une excellente isolation du bâtiment.
  • En plein hiver, les grandes surfaces vitrées permettent à la lumière de pénétrer naturellement dans les salles de lecture alors qu’en plein été, les arbres environnants et les surplombs des toits permettent de faire de l’ombre et de limiter l’impact du soleil sur ces surfaces vitrées.

Cet exemple d’architecture durable, datant de 2005 et sur une surface de 5.400 m², montre à quel point il est important de prendre le plus rapidement possible le virage écologique. L’énergie fossile est de plus en plus chère. A nous d’en tirer rapidement les conclusions et d’innover, comme à Gotland !

Grégoire Jacob est fondateur du blog www.ecolodujour.com