Stockholm pris d’un grand vertige vert

Stockholm pris d'un grand vertige vert

Dans le quartier de Rinkeby, Vicky Ritzin apprend aux enfants à trier les déchets ramassés dans les rues. En haut à droite : le taxi de Mehdi Gharagazhi est hybride(électricité et essence) « parce que les stations de biogaz sont trop difficiles à trouver ». En bas : Lovisa Bratt, 37 ans, se déplace à vélo « pour le sentiment de liberté ». : Martina Huber

En Suède, l’environnement n’est plus une question superflue depuis longtemps. Nouveaux biocarburants, recyclage à tous crins… Le pays fait reluiresa fibre écolo.À quelques moisde sa présidencede l’Europe, au 1er juillet, et avant les électionsdu 7 juin,visite à Stockholm.

Stockholm (de notre envoyée spéciale).  Assise sur une petite chaise de la crèche où elle travaille, Vicky Ritzin se tient la tête. « Rinkeby est très sale. Il est difficile de convaincre les habitants de ne pas jeter les détritus par terre. Alors, nous leur apprenons dès l’école. La collecte sélective fait partie des moeurs suédoises mais n’est pas du tout évident pour ceux qui viennent d’ailleurs. » Dehors, entre un chemin gris et une pelouse râpée, une grappe de nettoyeurs municipaux s’active.

Rinkeby. 89 % d’immigrés. Vicky enseigne depuis trente ans dans ce quartier de Stockholm, à dix stations de métro du centre, ses parcs immenses, ses lacs, ses îles et ses bords de mer. Responsable. Agissante… Suédoise.

« Je n’ai pas de voiture, je ne prends jamais l’avion, je circule à vélo ou en bus. » Toute l’année, elle apprend aux enfants de la crèche, « terrifiés par une simple mouche », à se réconcilier avec la nature. Bien éteindre la lumière, fermer les robinets d’eau, ne pas jeter n’importe quoi dans les WC.

Demain, elle les fera participer au nettoyage des espaces publics qui se tient chaque printemps, après la fonte de la neige. Elle leur répétera sans relâche : « Qu’as-tu trouvé ? Du verre ? Dans quelle boîte faut-il le mettre ? » Et les enfants adoreront.

Mais aujourd’hui, elle semble soucieuse. Bien sûr, son école, comme toutes celles de la ville, recycle 20 % des résidus organiques de la cantine en biogaz ; bien sûr, 25 % des aliments sont bio… Mais ici, les stations de tri sélectif sont souvent sales, et il y en a si peu comparé aux autres quartiers ! « C’est aux propriétaires des immeubles de prévoir ces structures. » Donc, la municipalité… Vicky soupire. En Suède, une telle situation peut se révéler très préoccupante.

Pas facile de rester irréprochable, même lorsqu’on est un exemple. Stockholm, 820 000 habitants, a été élue en mars « Capitale verte » de l’Europe, mais dans les rues, ça ne saute pas aux yeux.

Des trains, métros, bus, voitures se croisent sans répit au noeud routier de Slussen, juste au-dessus de l’eau et des ferries de Finlande. Visiblement, les tags existent aussi en version scandinave. Et, au détour d’une façade florentine ou d’un minaret balte, on croise même une crotte de chien.

« Il y a des mégots par terre »

« Pour moi, ce n’est pas une ville verte, estime Marylem, 32 ans, ingénieur, Normande expatriée, qui tient un blog d’actu (familleeuropeenne.blogspot.com). Le centre fait béton, il y a des mégots par terre, des bouteilles vides après le week-end ou le jour de paye, le 25. » Vicky confirme : « Stockholm était une ville si propre ! Mais avec tous ces fast-foods, les emballages, la quantité d’ordures augmente. »

En fait, c’est dans ce qui ne se voit pas que Stockholm est verte. Dans l’air qu’on respire. Dans les bus qui roulent tous à l’éthanol ou au biogaz ¯ et qui arrivent à l’heure. Dans les métros électriques ¯ grâce à l’hydraulique. Dans les entreprises équipées de douches pour les cyclistes ; dans les pompes à vélos intégrées aux trottoirs… Et dans l’attitude des habitants, imprégnés de nature. « C’est petit, ici, tout le monde se connaît », signale Colin Nutley, réalisateur britannico-suédois : un papier gras sur le trottoir, et l’on est vite repéré.

Rois du bricolage, champions de l’ingénierie, les Suédois trouvent une solution à chaque problème. À côté de la gare pousse un bâtiment qui sera chauffé par la chaleur des voyageurs : l’excédent de température sera acheminé par un banal tuyau déjà existant en sous-sol ! Plus au sud, dans l’éco-quartier Hammarby Sjöstad, les déchets à recycler sont emmenés par collecte pneumatique.

Stockholm a de solides arguments écolos. Ulla Hamilton, maire adjointe à l’Environnement, les aligne : baisse de 25 % d’émissions de gaz à effet de serre en vingt ans ; 80 % des habitations chauffées collectivement aux biocarburants ; 75 % des salariés adeptes des transports publics ; 70 % de vélos en plus en dix ans ¯ des pelotons de costumes-cravates qui bouchonnent au feu dès 8 h. Et 90 % des habitants trient leurs déchets : « Personne à mon travail ne met un papier dans une poubelle normale, ça paraît impossible », reconnaît Marylem.

Ce matin-là, Ulla Hamilton, grande blonde énergique, négocie avec la compagnie Fortum un parc de rechargement pour véhicules : « Nous misons sur la voiture électrique. Cent places pour 2009, c’est un début. » Stockholm est déjà dotée d’un péage urbain, de grands portiques gris à califourchon sur le périph’ qui photographient les autos et font payer les pollueuses. Les voitures « vertes » se multiplient.

Les taxis revendiquent leur bio attitude d’un grand miljö (environnement) inscrit sur leur capot. En 2050, la ville veut pouvoir se passer de pétrole. Courageux au pays des grosses bagnoles…

Claire THÉVENOUX.

Cet article a  été publié sur le site de Ouest France le vendredi 8 mai 2009 et c’est avec l’aimable autorisation de l’auteur que nous le reprenons sur www.lasuededurable.com

2 reflexions sur “Stockholm pris d’un grand vertige vert

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