COP22: La ville rouge se rue vers son or bleu!

maroc_marrakech_oceanAu Maroc, la 22e Conférence des Nations unies sur le climat, la COP 22, se poursuit à Marrakech pour faire avancer la lutte contre le réchauffement climatique et une Journée Mondiale des Océans a eu lieu ce 12 novembre pour lancer une « stratégie globale » et un plan d’action pour la protection des océans.

En marge de ces événements on sait que le royaume chérifien s’attelle, depuis une bonne dizaine d’années, à gérer les problèmes de l’eau, 1ère victime des dérèglements climatiques, et particulièrement son traitement des eaux usées, en créant des stations d’épuration (STEP) de l’eau. Marrakech est une pionnière, Fès, Rabat, Casablanca, Oujda, Tanger suivent… L’objectif est de couvrir tout le territoire en 2030.

C’est l’une des métamorphoses les plus spectaculaires des villes marocaines ces dix dernières années. La construction de stations de traitement des eaux usées a été lancée dans la foulée du Plan national de l’assainissement (PNA) en 2005. L’objectif était d’arriver à traiter 50% des eaux usées en 2016, 60% en 2020 et la totalité en 2030. Ce sont de gigantesques investissements qu’il a fallu engager.
L’ONEE (Office national des eaux et de l’électricité) et les régies municipales sont les deux chefs de file de ce chantier titanesque. Le rythme de réalisation de ces stations a rencontré parfois des obstacles (techniques et financiers), mais cela n’a pas remis en cause le plan. Plusieurs projets de Step avec traitement tertiaire ont été achevés ou sont en cours d’achèvement.

Marrakech, la pionnière pour le tertiaire

maroc_marrakech_eaux_usees_4824A Marrakech, la Radeema (Régie autonomme de l’eau et de l’électricité de Marrakech) lancera très prochainement l’extension de la station pour le traitement primaire et secondaire. L’investissement est évalué à 250 millions de DH (25M€)
Une des plus grandes stations (1,2 milliard de dirhams) est sans doute celle de Marrakech achevée en 2010 et qui s’est distinguée non seulement par le traitement tertiaire, mais aussi par son financement puisque les opérateurs privés ont mis la main à la poche.
Il a fallu 5 ans pour mettre en place une station de traitement et de réutilisation des eaux usées de ce genre. Le projet est passé par plusieurs phases. Au tout début, la station avait été conçue pour répondre aux besoins de suppression de rejets déversés au niveau de trois points (route de Casablanca, oued Tensift).

En cours de route, d’autres besoins sont apparus. En 2006, alors que le nombre de projets touristiques et golfiques augmentait, la problématique du stress hydrique fait surface. Or, un green a besoin de plus d’un million de m3 par an. Et Marrakech qui comptait 7 terrains de golf avait en projet une quinzaine d’autres. Leurs besoins en eau ne pouvaient être prélevés de la nappe phréatique. Il fallait donc identifier au plus vite des solutions pour utiliser des eaux non conventionnelles.
Les autorités locales ont alors décidé de pousser le traitement des eaux jusqu’au niveau secondaire et tertiaire afin de pouvoir les réutiliser. Du coup, le projet a été entièrement revu pour un investissement de 1,23 milliard de DH, offrant désormais une capacité de 21 millions de m3 d’eaux additionnelles pour alimenter les 19 greens réalisés ou en projet dans la ville de Marrakech ainsi que sa palmeraie (Dans un prochain article nous serons avec Mme Loubna CHAOUNI BENABDALLAH, Chargée du Programme de Sauvegarde et Développement de la Palmeraie de Marrakech)… Et la Step de Marrakech est un cas d’école!

Fès sur les traces de Marrakech!

maroc_fes_eauxusees1,1 milliard de DH. C’est l’investissement global qu’a nécessité la Step de Fès. Elle comporte deux filières de traitement (primaire et secondaire). Une pour l’eau et une autre pour la boue. La première regroupe des bassins de dégrillage, dessablage-déshuilage, décantation primaire, aération, décantation secondaire. La seconde fonctionne avec des épaississeurs de boues avec un procédé de «cogénération» permettant la production de 50% des besoins en énergie électrique de la station. Le tout entouré d’espaces verts et de voirie permettant une accessibilité à l’ensemble des installations. La Step de Fès reste un projet à très forte valeur ajoutée écologique, car elle permet la dépollution des eaux usées avant déversement dans le milieu naturel. En revanche, la Step fassie n’a pas encore envisagé le traitement tertiaire pour une réutilisation des eaux usées (Vous pouvez lire ici un entretien avec Fouad Serrhini, le directeur de l’ADER-Fès (l’Agence pour le Développement et la Réhabilitation de la ville de Fès) où il nous parle des problèmes de l’eau pour le Maroc et plus spécialement pour Fès et sa médina).

40.000m3 à traiter par jour à Oujda: Inaugurée en 2011, cette station couvre une population cible de près de 530.000 personnes. Elle a une capacité de traitement d’environ 40.000 m3 d’eaux usées par jour.

Une infrastructure capitale à Al Hoceïma: En 2011, la station d’épuration des eaux usées de la ville d’Al Hoceïma a été entièrement réhabilitée avec une extension réalisée pour un investissement global de 120 millions de dirhams.

Tanger en mode rattrapage: Inaugurée en 2015, elle est destinée dans une première phase au traitement des eaux usées interceptées sur la côte atlantique entre Cap Spartel et la zone de Houara, ainsi que celles de la commune de Gzenaya. Ce projet consiste en la mise en service d’un traitement complet et la pose de collecteurs pour l’interception et le transfert des eaux usées vers la station de traitement
Des projets sont en cours dans la plupart des grandes villes du Maroc: Kenitra, Laayoune, Dakhla…

Objectif : une station d’épuration (STEP) dans chaque ville marocaine: En 10 ans, une centaine ont vu le jour ou sont en cours de réalisation. Régies, ONEE (Offices nationaux Eau et Electricité), concessionnaires ont consenti de grands efforts. La couverture de tout le territoire devrait être atteinte en 2030.
Avec http://www.leconomiste.com

Photos: DR, l’économiste, ONTM