Le port marocain de Tanger Med qui fête, ce mois-ci, ses 10 ans, est le premier port africain à obtenir le label « Ecoports« délivré par «The European Sea Ports Organisation ESPO», organisation créée en 1993, par la commission européenne pour étudier les problématiques portuaires. Le port Tanger Med rentre ainsi dans le club très fermé des ports respectant les normes environnementales.
Pour l’instant, seule une trentaine de grands port européens a adhéré à la démarche, dont ceux d’Amsterdam, Anvers, Barcelone, la British Ports Association, Gênes, Göteborg, Rotterdam, Gdansk, Hambourg, Valence ou encore, le Havre, Calais en France… Mais de « petits » ports pourraient suivre…
Ecoports est un label accordé à des ports européens adhérant volontairement à de « bonnes pratiques » en matière de développement durable, dans le cadre d’un projet datant de 1999, soutenu par l’« EcoPorts Foundation » (EPF) qui est un réseau associant des acteurs volontaires qui sont « parties prenantes » de la gestion portuaire, et voulant partager leur expériences en matière d’environnement.
TANGER MED : UNE DÉMARCHE ENVIRONNEMENTALE SYSTÉMATIQUE
Le groupe Tanger Med s’est engagé dans une démarche persévérante en faveur du développement durable en adoptant une approche écologiquement responsable pour la préservation et la protection de l’environnement. Les axes majeurs sont :
La protection et la préservation de la biodiversité: Tanger Med veille au respect de la biodiversité locale et au maintien de l’équilibre écologique des territoires à travers l’ensemble des projets développés, en particulier la station de traitement dédiée Marpol et le développement de la filière de recyclage industriel .
L’éfficacité énergétique et la gestion éco-responsable: L’engagement de Tanger Med pour le développement durable et la protection de l’environnement se traduit par une démarche constante conformément au programme de développement Green Port et Green Zones.
Les énergies renouvelables: Parallèlement, le programme d’efficacité énergétique inclut la généralisation de l’éclairage LED sur tout le complexe portuaire et les zones d’activités ainsi que le déploiement de parcs solaires pour la consommation électrique.
Tanger Med Renault: « Une usine sans équivalent dans l’industrie automobile grâce à deux piliers environnementaux »
C’est en 2012 que le groupe Renault/Nissan ( partenaire historique du développement industriel, économique et social marocain depuis 1928) inaugure son usine de production à Tanger. Tanger Med Renault, c’est: 1ère usine de production de véhicules en Afrique. 400.000 véhicules par an… Au Maroc le groupe Renault détient une part de marché de 43,1% et place 7 modèles dans le top 10 des meilleures ventes en 2017).
« Une usine sans équivalent dans l’industrie automobile grâce à deux piliers environnementaux »:
1/Une conception « zéro émission de CO2 »: Plus de 90% des besoins sont couverts par des énergies renouvelables, produites notamment grâce à une chaufferie bio-masse innovantes (à base de grignons d’olives marocaines). Plus de 100.000 tonnes de C02 évitées par an. L’efficience énergétique permet de maîtriser les consommations. Une économie d’énergie de 45% au département peintures (par rapport à la moyenne des usines du Groupe)
2/ Une absence de rejet d’effluents industriels reposant sur : Le recyclage à 100% des eaux usées industrielles. Une véritable station d’épuration en boucle fermée économisant environ 900 m3 par jour. La maîtrise de la consommation d’eau industrielle, grâce à l’optimisation de différents process. Une économie d’environ 70% par rapport à une usine classique de capacité équivalente. « Utiliser la biomasse pour produire l’énergie thermique du process peinture est, encore aujourd’hui, une démarche sans équivalent dans l’industrie automobile » dit Jean-Philippe Hermine, directeur du plan environnement de Renault…. Et la démarche se voit, se sent très fort à l’approche des ateliers Renault à Tanger…
Eco-port, biomasse, énergies renouvelables, gestion des déchets, traitement des eaux usées, le Maroc est devenu un leader du développement durable en Afrique. La construction de vastes champs éoliens et de plusieurs centrales solaires font du Royaume un modèle pour la production d’énergie verte. Dépourvu de ressources en hydrocarbures, l’objectif du pays est de subvenir à ses besoins en électricité d’ici 2030, à hauteur de 52% d’énergies renouvelables.
Le Maroc possède de nombreux atouts pour se montrer plus résilient en matière de changement climatique. Sa situation géographique notamment le favorise en matière d’énergies renouvelables. Il vise à produire plus de 50 % d’énergies propres d’ici 2030.
D’autres exemples de ces réalisations du Maroc:
La plus grande centrale solaire du monde
À 200 kilomètres de Marrakech, siège de la COP22, se construit la plus grande centrale solaire du monde. Lorsqu’elle sera terminée, en 2020, elle s’étendra sur 2.000 hectares et produira une énergie de 580 MW. Noor (« lumière » en arabe) sera l’une des centrales solaires les plus puissantes au monde, et qui produira également une énergie très peu chère.
Ce projet fait partie du Plan solaire méditerranéen : en 2020, le Maroc souhaite produire 20 GW issus des énergies renouvelables, solaire notamment.
De l’eau potable issue du brouillard
Dans les montagnes de l’Atlas, à Boutmezguida, d’étranges filets sont installés sur les rochers. Ils sont tissés de façon à recueillir l’eau du brouillard qui monte du littoral. Ces 600 m² de filets permettent d’alimenter en eau potable cinq villages en contrebas : une eau presque gratuite et complètement renouvelable.
Cette initiative très astucieuse, mise en place par l’ingénieur Aissa Derhem, gagnerait à être multipliée dans les villages montagneux isolés pour favoriser l’accès à l’eau potable des populations.
Des hammams chauffés aux déchets végétaux
Les hammams sont une véritable tradition d’hygiène et de bien-être au Maroc. Le problème est qu’ils sont traditionnellement alimentés au feu de bois : une énergie qui émet des particules fines et contribue à la déforestation.
Un ingénieur, Mickael Benhaïm, a mis au point une chaufferie de hammam qui fonctionne à partir de déchets végétaux locaux : coquilles d’argan, d’amandes, noyaux d’olives…
Ce procédé astucieux permet de chauffer les hammams plus durablement tout en réduisant l’impact carbone et en réalisant des économies. Un propriétaire de plusieurs hammams à Marrakech l’a déjà adopté pour ses établissements, en attendant sa généralisation.
Une éco-cité pionnière en Afrique
La ville nouvelle de Zenata, au nord de Casablanca, prévoit d’accueillir plus de 300.000 habitants à l’horizon 2030. Il s’agira d’une des premières éco-cités du Maroc et même d’Afrique, où les espaces verts atteindront 30 % de la surface de la ville.
Grâce à ces espaces verts et à des points d’eau, la sécheresse ainsi que les écarts de chaleur en été seront réduits. Zenata prévoit également un réseau dense de voies cyclables ainsi qu’un réseau de transports urbains connectés pour diminuer l’utilisation des voitures.
On a vu dernièrement le village de Brachoua qui revit grâce à la permaculture
Une autre initiative inspirante qui provient des zones rurales. Le village de Brachoua, situé près de Rabat, vivait il y a quelques années dans une grande précarité, sans eau ni électricité. Avec le soutien d’une ONG, ils décident de se tourner en 2013 vers la permaculture en mettant en place des jardins potagers agro-écologiques.
Les 60 familles du village possèdent désormais 30 jardins potagers. Ils cultivent des légumes qu’ils peuvent vendre en ville sous forme de paniers et gagner un revenu décent. Ils s’ouvrent même au tourisme durable avec 250 visites par semaine : les écotouristes y découvrent les paysages et la gastronomie locale.
Aux portes du désert, le Maroc sait qu’il doit agir s’il veut éviter de subir les conséquences du réchauffement climatique. C’est pourquoi il se veut le chef de file du développement durable en Afrique. L’an dernier la COP22 lui a permis de s’engager dans cette voie en rassemblant les États et la société civile de Méditerranée, d’Afrique et d’Europe. Il a signé les Accords de Paris et a renouvelé à la COP 23 à Bonn ses engagements et ambitions en matière de développement durable (avec leconomiste.ma)
Avec de telles initiatives, originales et novatrices, l’extension de son premier éco-port à l’horizon de 2019, le Maroc peut avoir de belles ambitions et tenir son rang de leader du développement durable sur le continent africain pour la décennie à venir..
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