Seul le vélo pourra réconcilier le tourisme avec la planète !

Le tourisme à vélo est une filière économique qui poursuit son essor. Son développement correspond à une évolution profonde des pratiques touristiques vers plus de bien-être, d’attention portée à l’environnement, aux choix de consommation et au partage. La France arrive en deuxième position des destinations mondiales du tourisme à vélo, après l’Allemagne. Les étrangers représenteraient à eux seuls 25% des touristes ayant recours à ce mode de découverte.

Le Baromètre 2017 du tourisme à vélo en France permet de confirmer que le tourisme à vélo est l’une des filières les plus dynamiques du marché touristique français. En effet, cette filière représentait 9 millions de séjours au cours desquels les Français ont pratiqué le vélo ou le VTT en France, correspondant à un chiffre d’affaires total de l’ordre de 2 Mds€. Il est vrai qu’avec près de 13 600 km de véloroutes et voies vertes aménagées et des itinéraires phares comme La Vélodyssée (littoral Atlantique), La Loire à Vélo (Val de Loire ) ou Le Tour de Bourgogne à vélo, la France possède de sérieux atouts sur le marché international du cyclotourisme.

Finaliser les 22 000 km du Schéma national des Véloroutes et voies vertes (SN3V)  et connaître les modalités du « Plan Vélo à échéance 2024 » dans le cadre de la future Loi d’Orientation des mobilités « en faveur de la qualité de l’air » qui sera dévoilée, en France, mi-septembre devrait contribuer à consolider la position française en la matière. Ce réseau, reconnu comme étant de qualité, bien balisé, complété par un réseau de petites routes locales peu fréquentées, est en effet l’une des forces de la destination France en matière de cyclotourisme.

« Dans Vélo, il y a Love… J’ai commencé à aimer Paris le jour où j’ai acheté un vélo… » dit Ingrid Astier, auteure de polars où la Seine et la bicyclette jouent un rôle clé (Quai des enfers, Série noire, Gallimard).

Jean Dujardin, lui, est journaliste et photographe. Sur son blog route60.org, il raconte au fil des jours le grand tour d’Europe qu’il accomplit à vélo.

«… En route vers le Danemark, par l’EuroVelo12… Voici Copenhague. Non pas la capitale grise et bruyante qui vit au rythme des embouteillages mais bien celle qui encourage les cyclistes à se rendre dans son centre à vélo. Pour inciter les récalcitrants, la municipalité a fait construire un réseau cyclable, séparé de la circulation automobile et muni de pistes bidirectionnelles balisées. Certains carrefours disposent aussi de repose-pieds pour que les cyclistes n’aient même pas à mettre pied à terre. Les pistes cyclables sont étonnamment larges et la petite reine s’invite dans le transport de marchandises. On vous livre votre paquet avec un vélo cargo. Les parents transportent leurs enfants sur un vélo à trois roues équipé d’une banquette à l’avant. Un vélo qu’il faudra garer et pas n’importe où ! Dans un parking à vélos. Copenhague est une capitale, un centre d’affaires et une grande ville. Et pourtant, oubliés le bruit et la pollution ! Bref, on se sent bien dans la capitale danoise. Je suis un cycliste parmi des milliers d’autres et certains me lancent un joyeux « Velkommen » (Bienvenue) au feu rouge. Les feux rouges pour les cyclistes, parlons-en justement : ils deviennent verts pour les cyclistes avant les voitures… qui attendront avant de tourner. Etre le plus rapide en ville, ce n’est pas un luxe, c’est une habitude !… : « On avait une voiture mais on l’a vendue. Plus besoin ! On a des vélos, un métro. Et c’est très bien comme ça ! ». Après quelques jours de visite dans cette Mecque du vélo, je pousse vers la Suède. Les paysages se font plus vastes et les automobilistes sur la route plus rares. A 16 kms/heure de moyenne, on est assez lent pour ne rien rater des paysages, mais assez rapide tout de même pour savourer toute l’Europe. L’EuroVelo7 traverse les immenses forêts du sud de la Suède… Le voyage se poursuit en Finlande et dans les Pays baltes qui se visitent aisément à vélo par des tronçons de vélo route et de pistes cyclables bien balisés… Un bonheur ! »

Didier Tronchet est auteur de plusieurs romans, récits et essais dont un « Petit Traité de Vélosophie » (Plon)

« Ca y est le vélo a ré-enchanté la cité et le cycliste est le porte-étendard d’un nouvel art de vivre la ville… Il y a d’abord le déclenchement bien connu des endorphines à la suite de l’effort… J’y ajouterais le mouvement alternatif du pédalage qui, comme la pendule, induit un léger état hypnotique et apaisant… enfin le candidat à l’extase cycliste équivalent modeste de la « kundalini » orientale, se laissera guider par la rêverie vélosophique qui infuse par la selle et remonte la colonne vertébrale jusqu’à la partie créative du cerveau… ».

Les dangers du vélo : « A tous les néo-cyclistes, je conseille 3 tours de l’Arc de Triomphe en chantonnant les Champs-Elysées de Joe Dassin. Cette jungle automobile est le meilleur des vaccins. Partout ailleurs on se sentira en sécurité. »

C’est Frédéric Héran, économiste et urbaniste, spécialiste de la mobilité urbaine et auteur du livre « Le Retour de la bicyclette, une histoire des déplacements, Ed. La Découverte) qui aura le dernier coup de pédale : « Il faut penser ensemble les modes de déplacement, les articuler entre eux. Historiquement, quand on modère le trafic automobile, c’et toujours le vélo qui en profite le plus. » 

Les citations sont extraites des entretiens réalisés par le supplément du Journal Le 1 « Demain tous à vélo ! » et nous l’en remercions. Photo: DR